A partir de +/- 1530, deux facteurs vont provoquer la naissance d’un nouveau style en peinture, le maniérisme. D’un côté, on a le degré de perfection atteint dans les tableaux de la Renaissance. De l’autre côté, la perte de confiance dans les idéaux de l’époque.
Perfection atteinte dans le style Renaissance
Le premier élément qui amène un besoin de renouveau est le degré de perfection atteinte dans le style Renaissance par Raphaël.
Dans l’Ecole d’Athènes, le tableau ci-dessous, peint par Raphaël, on trouve un équilibre et une harmonie entre les éléments statiques et les éléments en mouvement. La perspective est frontale et le tableau est équilibré du point de vue géométrique. C’est un tel chef d’oeuvre qu’il frôle la perfection. Dans ce style, le sentiment qui prévaut est que “Tout est fait”. Dès lors, il est temps de changer les règles pour retrouver le chemin de la créativité et de la découverte.
L’optimise de la Renaissance s’effiloche
Deux événements liés vont miner l’optimisme qui caractérise le début de la Renaissance :
1517 : Martin Luther condamne les pratiques de l’Eglise catholique
C’est le début de la Réforme. Choqué par le luxe et certaines coutumes du pouvoir religieux en place, Martin Luther et ses disciples plaquent à Wittemberg, ses 95 thèses condamnant les pratiques et les dogmes de l’Eglise Catholique. Le commerce des indulgences (payer pour obtenir le salut dans l’au-delà) faisait partie de ces pratiques choquantes pour Luther. L’ascension rapide du mouvement réformiste montre à quel point l’Eglise Catholique avait perdu de sa crédibilité.
1527 : Sac de Rome
Wiki :
Au matin du 6 mai 1527, en réaction à l’alliance de Clément VII avec François Ier contre lui, Charles de Bourbon ordonne à son armée de prendre d’assaut Rome. Bourbon est tué durant l’assaut, mais les soldats prennent la ville en quelques heures. La ville est mise à sac durant plusieurs jours, les soldats pillant tout, lieux de culte et demeures des partisans de Charles Quint compris.
Retenons que cet événement provoque une perte de confiance dans les idéaux de l’époque, un sentiment d’insécurité.
Maniérisme
Dès 1530, certains peintres de l’époque cherchent un nouveau style. C’est la naissance du maniérisme. Ce nouveau style met l’accent sur la vision personnelle du peintre. Il découvre l’aspect expressif de la peinture et veut se démarquer consciemment de la trop grande harmonie des compositions de la Renaissance. Disparaissent ainsi des peintures, les formes géométriques et cette recherche de proportions idéales. De même, la perspective géométrique qui avait pour effet de stabiliser la composition n’apparaît plus.
Au contraire, le maniérisme cherche à surprendre par des compositions asymétriques, par des membres allongés, étirés et tordus.
Dans la peinture ci-dessous, on remarque, la longue main, le long cou de la Madone mais également la trop longue jambe nue du côté gauche pour des proportions harmonieuses. On remarque aussi qu’il n’y a pas d’équilibre du nombre de personnes à gauche et à droite de la Madone. Alors que dans L’Eglise d’Athènes, chaque personne à gauche à son vis-à-vis à droite.
Musique
A la même époque, Roland de Lassus alias Orlando di Lasso (1532 – 1594), le compositeur Néerlandais le plus prolifique de la fin de la Renaissance, compose sa série de 12 motets intitulée Prophetiae Sibyllarum (les Prophéties des Sibylles). Cette composition a pour but de mettre le texte en musique de façon expressive et intense, en mêlant échelle chromatique et échelle diatonique.
Dans le Audite Nova, les qualités de Roland de Lassus sont remarquables : le choeur chante solennellement dans un style polyphonique équilibré.