Comme tous les concepts que j’ai découverts en lisant Howard Bloom, “l’ordre de préséance” est un concept fondamental.
Le superorganisme est souvent hiérarchiquement structuré via l’ordre de préséance. On peut également appeler ce concept, la hiérarchie naturelle des êtres. Extrait du Principe de Lucifer (Howard BLOOM) :
Observations d’un naturaliste en observant des poulets
Juste après la Seconde Guerre Mondiale, un naturaliste norvégien du nom de Thorlief Schjelderup-Ebbe décida de passer quelques temps dans la ferme de ses parents à observer les habitudes bizarres des poulets. Son étude révéla une fome subtile de compétition déguisée en paix de basse-cour. Lorsque les poules étaient nourries, elles s’approchaient de l’auge avec des manières extraordinaires. Bien qu’elles aient toutes faim, aucune ne se précipitaient pour attraper tout ce qu’elle pouvait. En premier lieu, une poule à l’air majestueux s’approchait du récipient de grains et se mettait à dîner. Les autres se contentaient de regarder. Puis une autre s’avançait alors pour prendre son repas et s’écartait. Puis une autre venait prendre son tour.
Schjelderup-Ebbe prit soigneusement des notes et remarqua une chose étonnante. L’ordre dans lequel les dîneuses emplumées prenaient leur tout n’était pas arbitraire. Loin de là, le même oiseau s’avançait en premier, le même en second, et ainsi de suite.
Comment cette hiérarchie se forme ?
Lorsque que Schjelderup-Ebbe jeta un poulet étranger au milieu de la cour, il fit une autre découverte. Les animaux habituellement paisibles se disputèrent comme des chiffonniers. Il semblait que l’étranger essayait de se faire une place dans sa nouvelle société. Cela signifiait qu’il devait repousser certains oiseaux derrière lui. Et les volatiles bien établis n’allaient pas tolérer l’humiliation d’être relégués à une position subalterne sans se battre.
Schjelderup-Ebbe ne se contenta pas d’observer seulement les plumes voler. Il nota qui attaquait qui et compta tous les coups de becs vicieux. Puis le naturaliste additionna les chiffres, et voici qu’un nouveau phénomène émergea. Certains oiseaux n’avaient quasiment pas reçu de coups. Aucun autre n’avait osé les toucher. D’autres avaient été piqués au-delà de ce qu’ils pouvaient supporter. Ils étaient des cibles faciles et presque tous les autres voulaient en avoir un morceau.
Hiérarchie ou ordre de préséance
Les oiseaux sur lesquels aucun autre ne posa le bec étaient également les créatures qui s’avançaient en premier pour prendre leur repas. Et les oiseaux qui finissaient avec des trous dans leurs manteaux de plumes étaient parmi les derniers à aller manger.
Schjelderup-Ebbe venait de découvrir qu’il existait une hiérarchie sociale, une division entre aristocrates et roturiers. Autrement dit, le monde du poulet était divisé entre une classe supérieure, une classe moyenne et une classe inférieure. Le chercheur appela ce phénomène “ordre de préséance“.
L’ordre de préséance très présent dans la nature
Les naturalistes ne mirent pas longtemps à découvrir des ordres sociaux similaires dans un nombre déconcertant d’espèces.
Les recherches su l’ordre de préséance ont été menées depuis environ 70 ans et ont permis des révélations étonnantes. La position dans l’ordre de préséance détermine beaucoup plus que le nombre de plumes que l’on perd. Elle ajuste le mode de vie, les chances de survie, la vie sexuelle et la physiologie.
Parmi les espèces chez lesquelles on retrouve cet ordre de préséance, citons les pigeons ramier, les rats, les chimpanzés et les humains.